Qqs grands moments de la discussion autour de l'ouvrage «Une histoire populaire de la France, de la guerre de 100 ans à nos jours», en présence de son auteur @GerardNoiriel, de @LarrereMathilde, spécialiste des mvts sociaux du 19e siècle et @UsulduFutur, vidéaste @OLGuillemets.

Cet événement était organisé par la section « Le Vent se lève » de @ScPoLyon. Ces tweets veulent restituer différents axes de réflexion soulevés par la discussion autour de l'ouvrage. Ils sont avant tout introductifs et invitent à une lecture attentive & approfondie de l'ouvrage.

@GerardNoiriel revient d'abord sur sa posture de chercheur : il ne pense pas son ouvrage comme « politique » : il dit défendre une « autonomie de la recherche » par rapport au politique et à la politique, tout en se définissant comme un « historien engagé ».

Il veut produire de la #connaissance pour la mettre à la disposition des #citoyens pour qu'ils s'en servent à leur propre usage. Il s'oppose à la figure dominante de l'intellectuel qui aurait la #science infuse et donnerait des leçons au reste de la #population.

Il défend une conception de l'«histoire engagée» & «civique» : travail sur le style, suppression des notes de bas de page pour ne pas entraver la lecture d'un ouvrage qui se veut accessible au grand public. vs. travail de «mémoire».

Il veut que son livre soit appréciée comme une «synthèse » et non comme un ouvrage savant : on ne peut être spécialiste de toute l'histoire de #FR mais reconnaît une part d'#injustice auprès des auteurs lus mais difficiles à ref dans la forme qu'il veut donner à son livre.

Il suit les partis pris d'@HowardZinnSF en éliminant les notes de bas de page pour produire un ouvrage accessible au plus grand nombre. + il s'inscrit dans une perspective socio-historique, et se se dit influencé par les travx de Norbert #Elias (lien social, habitus national).

Concernant l'axe problématique de son livre : « je ne dirais pas que la matrice du livre, c'est la domination […] mais les relations de pouvoir ». Les relations de pvrs qui structurent la vie en société (Max Weber) peuvent déboucher sur de la #domination ou de la #solidarité.

+ autre principe méthodologique de sa pensée : « l'#individu est le produit d'une multitude de critères identitaires », variant selon les époques, les enjeux, les circonstances, mais qui structurent « le fonctionnement du champ #politique ».

Génération formée au #marxisme : sa thèse portait sur les ouvriers sidérurgiques et les mineurs de fer du bassin de Longwy. Cette perspective de l'histoire se retrouve dans son ouvrage : la lutte des classes et leurs déterminations économiques, en incluant le rôle de l'#Etat.

Il définit le « #populaire » dans une perspective dialectique : non comme un synonyme des classes populaires mais comme « relations de pouvoir » : comment se réapproprient-elles les déterminations de la classe dominante pour les mobiliser dans les #luttes ?

+ « les dominants ne peuvent installer leur hégémonie sur les dominés qu'en exploitant les contradictions internes des classes populaires »

Il fait débuter l'ouvrage à la guerre de 100 ans et à la mort de Jeanne d'Arc : la #citoyenneté commencerait à se construire au 15e siècle, lorsque l’État, qui n'existe pas encore en tant que tel, assujettit le peuple (Weber) par le prélèvement de l'impôt royal pour payer l'armée

@Noiriel constate que les luttes populaires se sont structurées contre les politiq variées d'impôts. Dans sa socio-hist, il veut penser «la recherche comme devant nous aider à mieux vivre» (Marc Bloch) et donc éclairer ce qui se passe aujd'hui sous la présidence Macron.

Il construit son livre en 4 grandes parties chronologiques articulées à ses principes méthodologiques :

1) les relations de pvr sous l'Ancien Régime, structurées entre le caractère divin du #roi et l'appartenance à une autre «humanité» du #peuple. 18è s: dvlpmt de la communication écrite et d'un #espacepublic (Habermas) qui va construire un contre-pvr à la monarchie (révolutionFR)

2) enjeu de lutte majeur autour de la #citoyenneté, qui va durer jusqu'à la #Commune de #Paris, avec une conception bourgeoise (s'autoproclamant compétents pour gérer les affaires de l'Etat) vs. une #démocratie directe qui reconnaît les #compétences des classes populaires.

3) la 3e à la 5e #république : pacification des rapports sociaux. La #démocratie directe est réactivée dans les mvts ouvriers + « renationalisation de la société FR » à partir de 1880s : activation du clivage entre « eux » indigènes et « nous » FR (colonisation 2nd Empire).

4) 1980s : phase actuelle : fin de la démocratie des partis, incapables de lancer de grds mouvements et émergence d'autres formes d'organisations : « démocratie du public » (Bernard Manin) avec évolution des médias et réseaux sociaux.

Son ouvrage se conclut par une analyse de la manière dont est traitée l'histoire ds le programme de #Macron : vision de l'histoire où le peuple se réduit aux élites, où le peuple est décrit comme un poids : les pauvres, les handicapés, « les ouvriers obèses »...

Qqs axes de réflexion soulevés au moment des discussions @LarrereMathilde et @UsulduFutur : écrire une histoire populaire qui donnent des outils pour une #émancipation + faire l'hist de celles et ceux qui ne sont pas cités dans le roman national, relayé ds les médias (Bern & co).

+ ne pas traiter les classes populaires comme des victimes mais mettre en valeur leur capacité d'agir et leur #inventivité + ne pas nous faire croire qu'il n'y a pas d'#alternatives et rester enfermés dans le présent...